vendredi 6 juillet 2018

Portofino 45

Mars 1945, les forces allemandes se sentent plier, les alliés continuent leur avancée. Berlin va tomber et avec elle tout ce que le Reich a soumis. Le mot d'ordre: "Abandonnez les lieux et brûlez derrière vous." De tout temps, la technique a fait ses preuves.

Le commandant Ernst Reimers en charge de la péninsule de Portofino a été averti. Il s'apprête à faire miner le village et ses alentours. Par la fenêtre de son quartier général, j'imagine qu'il devait observer le silence de la crique, ses couleurs et leurs reflets dans l'eau. Mais c'est un soldat et les soldats obéissent.
Au-delà du clapotis, des tremblements, du café dès l'aube versé aux officiers sur le petit port, règne une confusion sourde. On plie bagage, on bat en retraite feignant de gagner la guerre, pour sauver les apparences. Pour ne pas perdre la face.

On raconte que c'est Jeannie Watt von Mumm, vivant sur les hauteurs de Portofino, dans le château San Giorgio, qui réussit à convaincre le commandant de ce que nul n'aurait soupçonné qu'il puisse faire: désobéir à un ordre.
Son courage est aujourd'hui encore salué par là-bas. Sans elle, des couleurs, des parfums, des silences de Portofino, il ne resterait que des cendres.

Comment savoir les mots qu'elle su trouver pour sauver ce qui semblait condamner? A-t-elle usé de ses charmes? En a-t-elle appelé à la raison la plus rigoureuse? A-t-elle rappelé les beautés du lieu, décrivant ses métamorphoses à chaque saison tout en insistant sur sa disposition à l'éternité?

Il doit y avoir des conversations en effet que l'on ne peut que fantasmer.

Portofino se souvient, comme tout paradis, qu'elle est miraculée.

Photo de Portofino, avril:



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Saint-Tropez Jazz

 Au Café des Arts, des touristes anglais et allemands s'esclaffent, tonnent, gloussent. J'observais ce joyeux fatras, silencieux. A ...