lundi 8 octobre 2018

Le Château de l'Oeuf

Face au Vésuve, l'îlot de Megaride, au cœur même de Naples, s'en éloigne toujours un peu. Des caruggi trépidantes à la presqu'île, cent mètres d'une jetée en contrebas de laquelle un petit village a su garder longtemps son indépendance.
Naples, pourtant, est née ici. Dans la nuit des âges, Parthénope, l'une de ces sirènes dont le chemin a croisé celui d'Ulysse, s'y est échouée. Plusieurs éternités après, j'imagine, les Cumains y débarquent au sixième siècle avant Jésus-Christ pour poser les premières pierres de la ville. Les peuples se succédèrent, les guerres se multiplièrent, les victoires, les défaites. L'îlot se transformera au gré des siècles: monastère, forteresse, citadelle, prison. Les armées du duc Sergio foulèrent le rocher, celles de Roger le Normand, ou encore celles de Robert d'Anjou.

C'est ici que le dernier empereur romain d'Occident fut incarcéré avant d'être condamné à l'exil et que son nom disparaisse de l'histoire, Romulus Augustule, le "petit Auguste", vaincu par Odoacre le Skire, en 476. Nul ne sait si lors de la sentence, il porta les yeux vers le volcan ou la côte, à la recherche d'un ultime réconfort.

Selon la légende, Virgile aurait placé, sous le château, un œuf sur lequel reposerait toute la prospérité de Naples. S'il arrivait qu'il se brisât, la ville serait maudite. Et qui sait? Peut-être alors que le Vésuve se réveillerait...

En 1370, les Napolitains sont pris de panique. On raconte partout en ville que l’œuf a chuté, et qu'il en faut peu pour que le reste suive. Pillages, prières; rien ne semble pouvoir calmer la foule. Nul autre choix pour la reine Jeanne d'Anjou de déclarer publiquement qu'in extremis on avait remplacé l’œuf et que tout était sauf.
L'ordre de retour, on compta les morts et les dégâts, ceux qui s'étaient tournés vers Dieu et les autres vers les putains de Spaccanapoli.

Ce n'était ni la première ni la dernière fois que les Napolitains s'étaient essayés à l'apocalypse.

Photo du Castel dell'Ovo, Naples:


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