dimanche 18 mars 2018

Au bord du "Bel-Ami"

1890, la Tour Eiffel vient tout juste de naître que Maupassant, célébré alors pour Bel-Ami (1885) et Pierre et Jean (1887), s'en lasse déjà. Elle lui semble trop verticale, et Paris avec elle bien trop grise.
Du jour au lendemain, il quitte tout son petit confort bourgeois qu'il avait fini par maudire et entreprend sa vie errante, de la meilleure des manières possibles: en se laissant porter par le vent.

Il a besoin de couleurs. Il a soif de nouvelles couleurs. Et c'est à bord de son voilier "Bel-Ami" qu'il découvre la côte ligurienne.
Comme toujours lorsqu'un voyage est entrepris, encore plus avec les moyens et les risques de l'époque, c'est soi-même que l'on fuit et que l'on découvre aussi, paradoxalement.

Il traverse donc Gênes et arpente sans doute ses caruggi, puis la plus belle avenue du monde, la Strade Nuove que l'histoire s'est amusée à bâtir par une longue suite ininterrompue de palais.
"On éprouve à Gênes ce qu'on éprouve à Florence et encore plus à Venise, l'impression d'une très aristocrate cité tombée au pouvoir d'une populace", note-t-il alors.

Puis, son errance l'amène à ce qu'il croit être le bout du monde: Portofino, encore un modeste port, ridiculement petit, recroquevillé sur le promontoire de Portofino éponyme comme le cœur dans la poitrine.
"Jamais peut-être, je n'ai senti une impression de béatitude comparable à celle de l'entrée dans cette crique verte, et un sentiment de repos, d'apaisement, d'arrêt de l'agitation vaine ou se débat la vie, plus fort et plus soulageant que celui qui m'a saisi quand le bruit de l'ancre eut dit à tout mon être ravi que nous étions fixés là."

Plus d'un siècle plus tard, au hasard d'une rue, je m'arrête et je lève les yeux. Sur un mur en trompe-l’œil sans doute, comme il y a tant par là-bas, ces quelques mots que je traduis à la hâte:
Portofino se souvient.
Guy de Maupassant resta quelques jours dans ce port sur son voilier Bel-Ami y trouvant la paix pour son esprit tourmenté et l'inspiration pour son génie."

Source: La Vie errante, Maupassant, 1890

Photo du port de Portofino:






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