samedi 9 février 2019

Piazza del Nettuno

Par rapport aux nus de la Piazza della Signoria de Florence, le Neptune de Bologne semble à première vue trop petit, presque trop haut, au sommet de la fontaine qui le soutient. Et pourtant, les habitants l'appellent le Géant. Et pourtant son ombre gigantesque se répand dans les moindres plis de la ville, sa silhouette se détache, tranchante et sûre d'elle, quand on l'aperçoit au travers des arcades du Palais du Podesta de la Piazza Maggiore.

Il est le symbole de marbre et de bronze de la toute-puissance papale, incarnée en chair et en os par Pie IV, en 1565, quand Bartolomeo Ammannati sculpte son bloc d'éternité, à la demande de Jean de Bologne.

Sa charge érotique est intacte. Et avec elle toute son ambiguïté. A ses pieds, les quatre grands fleuves connus du monde d'alors (le Gange, le Nil, l'Amazone et le Danube) épousent les courbes troublantes de nymphes qui compressent leurs seins pour que jaillissent quelques jeux d'eaux, à moins que ce soit les premières gouttes de lait de la Voie Lactée, comme dans un tableau de Botticelli.

Et Neptune lui-même, si nu, trop nu, aux muscles trop saillants, signe l'un des grands scandales de l'Italie de la Renaissance. L'intention originelle était de lui attribuer en effet un sexe à la mesure de sa puissance. Symbole du pape peut-être, mais le pouvoir se trouve toujours au cœur du bas-ventre.L'Eglise s'offusqua, refusa fermement. Le sculpteur pensa donc la statue de telle sorte  que le pouce de sa main gauche tendu, aperçu sous un certain angle, devait laisser apparaître un imposant phallus en érection. J'ai tourné autour de la fontaine monumentale à la recherche de la bonne perspective, de ce point de vue impudique, aux aguets de l'illusion. Mais seuls ceux qui savent savent, j'imagine...
L'Eglise le sut, le comprit, s'offusqua encore, se révulsa, pria, implora, déplora. Quelque temps elle décida d'habiller le dieu de la mer d'un grotesque pantalon en bronze, maillot de bain incongru pour Poséidon que Bonaparte fit fondre alors pour les besoins de son artillerie, à l'époque de ses grandes conquêtes. Neptune retrouva donc l'aura de sa nudité.

Source: Le Guide du Routard: L'Italie du Nord

Photo du Neptune, Bologne:


Saint-Tropez Jazz

 Au Café des Arts, des touristes anglais et allemands s'esclaffent, tonnent, gloussent. J'observais ce joyeux fatras, silencieux. A ...