dimanche 17 septembre 2017

Le Concile Cadavérique

Imaginons un peu la scène : le pape Etienne VI envoie ses hommes déterrer son prédécesseur, l'illustre Formose, qui somme toute a fait la seule erreur de conférer la couronne impériale de l'empire de Charlemagne à un Carolingien, roi de Germanie, et non un puissant de la famille des Spolètes, comme l'aurait voulu en effet Etienne VI, -disons, pour faire court: mauvais choix politique!- dans le but de juger et condamner le pauvre Formose, du moins son cadavre, de ses prises de position passées. Du temps où il était en vie, donc.

Etienne VI, mort ou vif, cela lui était égale. Il fait donc déterrer l'ancien pape. Et s'ouvre ce que l'on appelle pour l'histoire Le Concile Cadavérique. Formose en décomposition avancée se voit attribué un clerc pour répondre à sa place à ses accusateurs. On le dénigre, on le calomnie. Le pauvre clerc qui n'a aucun intérêt à trop défendre l'accusé post-mortem en fait le moins possible. Et bien sûr ce qui devait arriver arriva, la pauvre momie fut jugée coupable. En même temps, comme dirait l'autre, Etienne VI ne l'a pas déterrée pour qu'elle soit innocentée. Cela aurait été contre-productif.

Dans le détail, on en sait peu, car tous les actes du procès seront brûlés.

Par la suite donc, toutes les décisions prises du vivant de Formose sont abrogées et le pauvre pape défunt est jugé illégitime. On dépouille la dépouille des insignes pontificaux avec lesquels elle avait été enterrée, on en profite pour amputer les doigts du mort qui lui servaient à bénir. Un travail vite fait bien fait. On exhume Formose une seconde fois, puis Etienne VI trouve que c'est déjà lui accorder trop d'honneur, donc on le déterre encore et on le jette dans le Tibre.

Après cette profanation, Etienne VI subira la colère du peuple de Rome qui finira par le lyncher. Et la momie sera récupérée par de saints pêcheurs, et on lui organisa des funérailles solennelles.

Une année plus tard, voulant apprendre de ses erreurs passées, l'Eglise, en toute logique, stipulera l'interdiction stricte d'intenter un procès à un défunt... Toute une année après quand même!

Source. Dinosoria.


Photo prise au petit palais de Paris. Jean-Paul Laurens, Le Pape Formose et Etienne VI, (1870)


vendredi 8 septembre 2017

Sur les pas de "Papa" Hemingway

Ambulancier sur le front italien lors de la Première Guerre Mondiale au cours de laquelle il sera gravement blessé, soldat des Brigades Internationales pendant la guerre civile espagnole, aux côtés notamment de John Dos Passos, écrivain, bien sûr, de la génération perdue dans le Paris des années folles, avec Fitzgerald, Gertrud Strein ou encore Ezra Pound, Ernest Hemingway n'aura eu de cesse en effet de parcourir l'histoire de notre vingtième siècle et de laisser, là où ses pas l'ont porté, une empreinte que nous nous proposons alors de suivre. Petit tour d'horizon dans le souvenir de « Papa » Hemingway.

Stresa. Italie : en convalescence, à la suite de sa blessure lors des combats sur le font italien, Hemingway découvre le Lac Majeur. C'est au lendemain du conflit qu'il séjournera au Grand Hôtel des îles Borromées, un magnifique palace de la Belle Epoque, où il écrira l'un de ses grands textes, L'Adieu aux armes. (Source. Le Figaro)

Tanger. Maroc : comme Pierre Loti, Delacroix, Samuel Beckett, Truman Capote, Paul Morand, les Beattles, Paul Bowles ou William Burroughs, Ernest Hemingway est venu, pour y siroter un thé à la menthe, au café Haffa, célèbre institution de Tanger, où la terrasse en escalier domine, tout à l'ombre des pins parasols, la Méditerranée et la lumière sur le détroit de Gibraltar. (Source. L'Humanité)

Valence. Espagne : C'est en compagnie d'Orson Welles qu'Hemingway, lors de son séjour espagnol, entre une corrida et une paëlla, allait au cinéma Metropol de Valence. (Source. Visitvalencia)

Paris. France : On sait combien l'écrivain était attaché à la ville des lumières, et nombreux sont les restaurants et les cafés, aujourd'hui encore, qui rappellent le passage d'Hemingway, mais c'est sans doute la fameuse librairie Shakespeare and Coe, 12 rue de l'Odéon, qui lui était la plus chère. Librairie créée en 1919, spécialisée en littérature anglo-saxonne, c'est ici qu'il découvrira Tolstoï, Tourgueniev, Joyce, D. H. Lawrence, Stendhal et Flaubert, enfin, sur les conseils de Pound.

Barcelone. Espagne : Dans le quartier canaille del Raval, c'est au Bar Marsella qu'Hemingway, Dali et Picasso venaient en soirée boire leur verre d'absinthe qui a fait la réputation de cette institution, là encore, de Barcelone. Les bouteilles des clients d'un siècle passé, alignées le long des murs défraîchis, le souvenir d'une époque bohème où la ville avait encore ce je-ne-sais-quoi d'inquiétant confèrent au lieu un charme suranné d'éternité. (Source. BonspansdeBarcelone)

Venise. Italie : Dans Au-delà du fleuve et sous les arbres, Hemingway raconte son voyage à Venise, étape incontournable du Grand Tour européen que nombre d'artistes et d’intellectuels, déjà du temps de Goethe, accomplissaient. A l'angle de la Calle delle Ostreghe, la Chiesa di Santa Maria del Giglio, Sainte Marie du Lys à la façade baroque spectaculaire, ne manquait pas d'impressioner Hemingway qui la comparait à une avion de chasse P-47, « belle construction compacte, prête à s'envoler. » (Source. Le Figaro)

La Havane. Cuba : Entre 1932 et 1939, c'est à Ambos Mundos, dans la chambre 551, qu'Hemingway logeait lorsqu'il se rendait à La Havane, petit hôtel modeste de quatre étages datant de 1924, entre las calles Obispo et Mercaderes. (Source. Atlantico)


Photo du Bar Marsella de Barcelone.


Une Ballade des contradictions

 C'était la fin de l'hiver. Journée pluvieuse, grise. Pour des raisons longues à expliquer, j'étais allé me perdre jusqu'à l...