dimanche 11 août 2019

Une chapelle dans Rome

Entre le Panthéon et la Piazza Navona, une église parmi tant d'autres à Rome, paresse. J'ai appris dans cette ville à ne jamais en rester aux apparences. Toujours prendre le temps donc de franchir les portes. L'Eglise-Saint-Louis-des-Français, discrète de prime abord, discrète comme le sont les cathédrales romaines, mais dès lors que l'on y est, on est saisi. Un vertige par le haut nous fait battre le cœur plus vite.
Et comme Stendhal parmi les tombes de Santa Croce, on est ému par les illustres tombeaux dont l'église est pavée.
Celui de Claude Gellée, le Lorrain, force le recueillement On raconte que Nietzsche connaîtra sa seule extase picturale, lui arrachant même des larmes, devant l'une de ses toiles. J'ignore quel tableau, mais je me plais en rêve à les faire défiler pour me forger une opinion.

Quelque part autour de la nef, l'émotion grandit. L'âme tout à coup se met à vibrer. Une petite foule se presse devant la Chapelle Contarelli, décorée par le Caravage en 1599. Une réécriture de la vie de Saint-Matthieu.

La Vocation de Saint-Matthieu.

Saint-Matthieu et l'ange, dont la première version sera refusée par le commanditaire, plongeant le jeune peintre dans un désarroi profond, une crise l'amenant à douter à chaque instant de son art.

Et enfin l'extraordinaire tourbillon de corps et d'ombres dans le Martyre de Saint-Matthieu.

Caravage doit avoir une vingtaine d'années quand il débarque à Rome. Compte tenu de sa maîtrise et de ses inspirations, il ne fait pas de doute qu'il a dû au préalable faire ses armes, au gré d'un séjour à Venise.
Il erre dans les bas-fonds de Rome, fréquente les tripots, côtoie les putains qu'il prendra pour modèle dans ses représentations de la Vierge. Scandale immense, on s'en doute. Mon Dieu, s'exclame-t-on, comme les martyrs qu'il peint, la mère de Dieu et le Christ lui-même, comme tous paraissent humains, trop humains!

Artiste étrange dont toute la vie semble nier Dieu quand son art l'affirme.
Puis sa course à l'abîme s'accélère. Il y aura une rixe de trop. Puis une autre. Et l'exil. Une vie balancée des rives de la Méditerranée, à jamais apatride, dans ce tourbillon de lumière et de son contraire qu'il n'aura eu de cesse de peindre.

Photo de la Chapelle Contarelli, Eglise Saint-Louis-des-Français, Rome:





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