C'est sur cette île, ce roc, si loin de Naples en hiver, de son tumulte, de sa fureur, toute recroquevillée dans sa langueur, à Ischia que Visconti a vécu ses derniers jours. Il n'aura pu terminer son cycle inspiré de la tétralogie wagnérienne, après les Damnés, Mort à Venise et le Crépuscule des Dieux. Parfois, je l'imagine crapahuter dans les dédales du Château Aragonais, cigarette entre les lèvres, éternels sourcils ébouriffés, le regard vif, réfléchir au bord de l'eau à ce qu'aurait pu être cette dernière oeuvre sublime qui aura presque existé. En 2003, sur cette terre, on déposera ses cendres, comme l'exigeait son testament...
Cette même terre de volcan sur laquelle Lamartine débarque en 1820, jeune marié, qui se souvient alors d'un premier amour, rencontré à Procida, dans la splendeur des amours enfantines. Il écrira à sa manière son testament: Graziella.
Et au large du Vésuve, face au Pausilippe "qui calme les chagrins", deux spectres de femme lui occuperont sans doute l'esprit. Je reformais alors dans le mien ces quelques derniers vers écrits sur l'île d'Ischia:
"Et nous, aux doux penchants de ces verts Elysées,
Sur ces bords où l'amour eût caché son Eden,
Au murmure plaintif des vagues apaisées,
Aux rayons endormis de l'astre élysien,
Sous ce ciel où la vie, où le bonheur abonde,
Sur ces rives que l’œil se plaît à parcourir,
Nous avons respiré cet air d'un autre monde,
Lyse!, ...Et cependant on dit qu'il faut mourir!"
Photo d'Ischia:
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