Emporté par la Commune. La Débâcle. La grande, l'implacable déroute de 1870, et ce qui s'ensuit. 20 000 exécutions sommaires, les barricades, le Louvre lui-même incendié. L'Hôtel de Ville aussi lors de la Semaine Sanglante.
Courbet fait partie de ceux que l'on a raflés. Arrêté, traduit en conseil de guerre., bringuebalé de prison en prison. Un iconoclaste, littéralement. La Colonne de Vendôme "est tombée à l'heure du crépuscule devant une foule énorme venue pour assister à l'exécution de cette fausse et odieuse gloire, et saluée dans sa chute par l'immense vivat de la délivrance, sortir de mille poitrines" écrit Jules Vallès. Le peintre est jugé complice de cet acte, il avait lancé l'idée six mois plus tôt, bien avant que le peuple s'exécute. Il l'avait anticipé. En avance, déjà. Toujours.
Là-bas, les Alpes comme chevalet, le lac pour palette, il peint. Il boit, en équilibre, parfois au bord du chaos. L'âme en branle. La folie guette. D'autres avant lui... La lassitude; le cœur en somme n'y est plus. Cependant des fulgurances. Un ciel minéral tantôt, une réverbération ici et là, un dégradé où le gris se teinte de rose, et qui rappelle que sa peinture brûle plus que ne brûlent tant de petites œuvres impressionnistes de la même époque. Des fulgurances en effet, voire des remontrances à l'égard de Monet. Des cimes qui dégringolent et des cumulo-nimbus qui vibrionnent. Le château de Chillon sur les rives de Montreux semble s'éloigner, peu à peu, quelque chose déserte, se perd, s'engloutit. Dans l'ombre. Le Léman noircit. Les neiges s'écoulent comme de la lave.
La solitude, puis la maladie. Mort en martyre de la Troisième République. A jamais, poète maudit de la peinture.
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