1964. Dans Bande à part de Jean-Luc Godard, chef-d'œuvre de la Nouvelle Vague, les trois amis courent dans les galeries. La visite du musée sera l'une des plus rapides du monde: 9 minutes 43. Dans Innocents de Bertolucci, le record tente d'être battu.
Au XIIe siècle, l'édifice est encore l'austère forteresse de Philippe-Auguste, bâtie pour protéger Paris des raids Vikings. Au XIVe siècle, elle devient un palais royal. Puis François I en fera un château Renaissance, un atelier de création, un cabinet de tableaux, le premier des souverains à avoir tourné le regard de l'autre côté des Alpes. Leonardo de Vinci y sera reçu, dans sa hotte déjà les quelques œuvres maîtresses qui attireront les touristes du monde entier.
22 août 1911, la Joconde est volée. On accusera Picasso et Apollinaire. Innocents pourtant.
Il reste aujourd'hui le musée le plus visité du monde, la plus grande collection d'art et d'antiquité.
Les Sabines, Scènes de massacres de Scio, Diane de Versailles, la Victoire de Samothrace, La Mort de la Vierge, le Scribe accroupi, le Code de Hammurabi, Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau...
Avril 1820, la Vénus de Milo entre dans les collections après une épopée homérique.
Un siècle plus tard, le Louvre refuse d'exposer le Salvator Mundi, son authenticité ne faisant pas unanimité, très exigeant quant à l'histoire que le musée entretient avec le peintre italien.
Giampetro Campana, marquis italien, rassemble l'une des plus grandes collections d'objets d'art. La collection Campana intègre les collections de ce que l'on appelait encore en 1861 le musée Napoléon III. Puis les malversations et diverses escroqueries de l'aristocrate seront révélées et le condamneront à vingt ans de prison.
29 mars 1989. La Pyramide du Louvre est inaugurée. Son architecture divise.
Le 24 mai 1871, le musée est la cible des Communards. La bibliothèque impériale prend feu. 80 000 volumes disparaissent dans les flammes.
En 1940, d'innombrables œuvres se dispersent dans tout le pays, afin de les préserver de la spoliation nazie. Le Château de Chambord ou celui de Valençay accueillera des trésors inestimables pendant quelques mois.
1797. Vivant Denon rêve d'un musée pour le monde. Il est aux côtés de Napoléon dans chacune de ses expéditions, chargé d'assurer la conservation d'un patrimoine universel. Le Traité de Campoformio, le 17 octobre, lui permet l'acquisition de merveilles italiennes. Le transport des Noces de Cana par le Véronèse nécessite des moyens et une logistique titanesques.
La fin de l'empire met un terme à ce rêve. Les œuvres pillées doivent être rendues. "Qu'ils les emportent! Mais il leur manque des yeux pour les voir, et la France prouvera toujours, par sa supériorité dans les arts, que ces chefs-d'œuvre étaient mieux ici qu'ailleurs..." déplore-t-il.
Le 8 octobre 1815, il donne sa démission au roi Louis XVIII: "Des circonstances inouïes avaient élevé un monument immense; des circonstances non moins extraordinaires viennent de le renverser. Il avait fallu vaincre l'Europe pour former ce trophée; il a fallu que l'Europe se rassemblât pour le détruire. Le temps répare les maux de la guerre, des nations éparses se recomposent; mais une telle réunion, cette comparaison des efforts de l'esprit humain dans tous les siècles, cette chambre ardent où le talent était sans cesse jugé par le talent, cette lumière enfin qui jaillissait perpétuellement du frottement de tous les mérites vient de s'éteindre, et de s'éteindre sans retour."
C'est sur les ruines de ce rêve, dans le chemin tracé par cette lumière qu'il aura fallu reconstruire.
Idée de lecture: Philippe Sollers, Le Cavalier du Louvre, Vivant Denon (1747-1825), Gallimard, 1995
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