lundi 10 juin 2019

La Solitude des Alyscamps

Van Gogh y a posé son chevalet. Automne 1888, il découvre Arles. Non loin des arènes, quelques pierres sont alignées au pied d'une vieille église qui déshabille l'horizon. Il a invité Gauguin dans ses solitudes. Le peintre a les tropiques plein la tête, il ne parle déjà plus que des confins, des jungles denses, des nudités brunes. Il est revenu de ces mondes qui font pétiller le regard, et sa voix tremble à l'idée de repartir. Van Gogh lui montre ses Champs Elysées, à lui seul, ces allées de paradis qui rougeoient en automne. Gauguin doit y consentir, oublier un instant ses régions exotiques, lui aussi se sent charmé par l'envoûtement et le silence de ces sarcophages millénaires, tombeaux partagés des Anciens et des chrétiens.

La petite nécropole se tait; et sous mes pas, le craquement seul des herbes mortes. Les vers de Paul-Jean Toulet me reviennent en mémoire quand je me heurte aux amours d'antan comme le pied sur un caillou.

Romance sans musique

En Arles

Dans Arles, où sont les Aliscams,
Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,

Prends garde à la douceur des choses.
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton cœur trop lourd;

Et que se taisent les colombes:
Parle tout bas, si c'est d'amour,
Au bord des tombes.

Ces mêmes colombes qui marchent entre les pins, entre les tombes, sur le toit tranquille de Sète où Valéry repose...

Photo des Alyscamps d'Arles:




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