Des galéjades, des légendes, des plaisanteries, Manitas de Plata parfois cherchait le Duende, Brassens, venu tout droit de Sète écoutait, y allait de sa meilleure répartie, la brasucade imprégnait l'air. Devant tout ce petit monde: le Mont Saint-Clair se reflétant dans l'étang de Thau.
On s'échange le mot comme un secret. Ce secret sans doute se nomme l'amitié, de celles qui sont indéfectibles, quelles que soient les épreuves, quel que soit le temps qui passe. La cabane de Laurent Spinosi, surnommé Lolo, est un petit microcosme coincé entre les étangs du Languedoc. Ermitage surréaliste qui vaudra les ébahissements de Dali. On y entre par le toit, l'intérieur est un bric-à-brac, de vieilles choses pour ainsi dire, plus de souvenirs que si nous avions mille ans. Des culottes au plafond, des dizaines de soutien-gorge suspendus, des coquillages, des prises de pêche, des bibelots du monde entier, et des vestiges des fonds marins laissés là, abandonnés et glorieux.
Brigitte Bardot négligera quelquefois Saint-Tropez pour la cabane de Lolo. L'étang de Thau concurrencera un temps les meilleurs repères du tout-Saint-Germain.
Mais souvent seul, heureusement, le cabanaïre tente sur ses toiles de reproduire le foisonnement de l'étang, sa lumière, son obscurité, incomparable mosaïque qui occupe une vie entière. Baraque après baraque, gravitant autour de la montagne, au gré de déménagements. Comme un cadran solaire, à la recherche de l'ombre. Ou dans une quête sans fin de la meilleure lumière.
Puis, les soirs, entre Balaruc, Mèze et les cabanons de Bouzigues évoquant les trabucco des Pouilles, l'ermite devait rêver de cette ville, dit-on, engloutie sous les eaux de Thau. Avant la visite de ses plus chers amis qui lui fera réviser l'ordre de ses priorités.
Chaque chose en son temps. Les copains d'abord, en effet.
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