14 juillet 1538, le roi François I est attendu dans la cité. La foule se prépare, toute la petite ville s'agite, on fait venir de toute la Provence de quoi célébrer la rencontre entre les deux plus grands souverains du siècle. Les historiens, présents sur place, Di Pietro, Charles-Roux et Hermann ont tous évoqué l'effervescence du port: 6000 pains, 30 barriques de vin, une quantité folle de gibiers, des musiciens, et le reste.
On peut imaginer que les étangs tout autour sont alors rasés par le vent, et que l'air est saturé de sel, la pierre de soleil.
La cour de Charles Quint arrive le lendemain. On évoque peut-être une hésitation avant de franchir la porte de la Marine. Les drapeaux sont hissés, que la brise fait claquer dans l'air, on allume l'artillerie, et les détonations accompagnent les tambours et les cris de liesse.
Rabelais séjourne pour l'occasion dans la ville d'Aigues-Mortes, il fait référence à cette rencontre dans son Cinquième Livre où il décrit la profusion qu'il a dû connaître ces deux journées de juillet, qu'il transpose dans l'Île Sonnante.
Les deux souverains échangent longuement dans la Maison du Sieur Franc de Conseil. Encouragée par le pape Paul III, la rencontre doit mettre un terme aux guerres d'Italie. Une trêve est signée, des compromis sont faits, et mêmes des promesses, dit-on. Mais comme toujours, ennemis éternels, ces compromis seront révisés et les promesses rompues.
Quatre ans plus tard, en 1542, commence la neuvième guerre.
Et de quoi rêver encore de cette fameuse rivalité entre le roi français et l'empereur, qui aura travaillé autant l'imagination du jeune Marcel au début de La Recherche du Temps perdu, et l'imaginaire de tout l'Occident.
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