Dans L'Education sentimentale, Frédéric Moreau et son amante Rosanette, lassés de l'agitation parisienne, visitent les appartements royaux de Fontainebleau. Flaubert écrit ceci: "Les résidences royales ont en elles une mélancolie particulière, qui tient sans doute à leurs dimensions trop considérables pour le petit nombre de leurs hôtes, au silence qu'on est surpris d'y trouver après tant de fanfares, à leur luxe immobile prouvant par sa vieillesse la fugacité des dynasties, l'éternelle misère de tout; - et cette exhalaison des siècles, engourdissante et funèbre comme un parfum de momie, se fait sentir même aux têtes naïves."
On y sent donc les siècles murmurer. On perçoit, comme Frédéric, la présence de "tous les personnages qui avaient hanté ces murs."
1814. Napoléon est contraint d'abdiquer. Il s'apprête à dire adieu à sa vieille garde, et descend lentement l'escalier en fer à cheval. Tant de batailles, un empire si grand. Quelques sursauts, c'est vrai: les Cent jours, mais s'ensuivra Waterloo, et de nouveau il subira l'exil.
1539. François I invite son éternel rival, son meilleur ennemi, Charles Quint, à découvrir les splendeurs de son palais, sa "nouvelle Rome". Quelques années plus tôt, il était son captif, après la défaite cuisante de Pavie. Bien des années après, en s'exilant au fin fond de la Castille, Charles Quint emportera avec lui sa collection des Titien, dont un portrait du roi français. François I lui fait découvrir la majesté de sa galerie, dont les fresques peintes par le Rosso, rivalisent avec la Chapelle Sixtine.
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